Louise Labé

 

SONNET IX

Tout aussi tot que je commence à prendre
Dens le mol lit le repos desiré,
Mon triste esprit hors de moy retiré
S’en va vers toy incontinent se rendre.

Lors m’est avis que dedens mon sein tendre
Je tiens le bien, où j’ay tant aspiré,
Et pour lequel j’ay si haut souspiré,
Que de sanglots ay souvent cuidé fendre.

O dous sommeil, o nuit à moy heureuse!
Plaisant repos, plein de tranquilité,
Continuez toutes les nuiz mon songe:

Et si jamais ma povre ame amoureuse
Ne doit avoir de bien en verité,
Faites au moins qu’elle en ait en mensonge.

Louise Labé


In modernes Französisch übersetzt bei www2.ac-lyon.fr/enseigne/lettres/louise/:

Dès que je commence à prendre
le repos désiré dans mon lit doux,
mon triste esprit s’échappe de moi
et s’en va aussitôt vers toi.

Alors il me semble que dans mon tendre sein
je tiens le bonheur auquel j’ai aspiré,
et pour lequel j’ai soupiré si fort
que j’ai souvent cru me briser en sanglots.

Ô doux sommeil, ô nuit heureuse pour moi !
Plaisant repos, plein de tranquillité,
Continuez toutes les nuits mon songe ;

Et si jamais ma pauvre âme amoureuse
Ne doit connaître le bonheur dans la vraie vie,
Faites au moins qu’elle en ait l’illusion.

 

Übertragung von R. M. Rilke

Übertragung von Manfred Drewitz

Übertragung von Frank Walter